Rowland Feildind (1871-1945)

Officier de carrière qui s’est battu en Rhodésie, Rowland Feilding rejoint le secteur de Cuinchy en 1915. Son épouse lui avait demandé de ne rien lui cacher de la guerre dans ses lettres. Publiées en 1929, ses War Letters to a Wife se démarquent nettement de l’habituel courrier de guerre.

L’attribution des décorations – un système injuste

Pendant les années 1890, Rowland Feilding s’engage dans l’armée et combat au Matabeleland, en Rhodésie. Par la suite, il exerce la profession d’ingénieur des mines, tout en conservant un rôle actif dans l’armée. En août 1914, il occupe un poste au Q.G. de l’armée territoriale, à Londres.

Arrivé dans le secteur de Cuinchy en mai 1915, il prend part à la bataille de Loos avec les Coldstream Guards. Pendant l’offensive de la Somme de 1916, il commande les 6th Connaught Rangers de la 16e division irlandaise, qui prennent notamment part aux attaques de Guillemont et de Ginchy. Rowland Feilding a alors le grade de lieutenant-colonel. Transféré dans le secteur d’Ypres, il participe à la bataille de Messines, en juin 1917, puis rejoint la ligne Hindenbourg. Au printemps 1918, la 16e division est décimée et Feilding transféré au 15th London, unité dont il a la charge jusqu’à l’Armistice.

Commentant ces remarquables états de service après la guerre, un des généraux sous les ordres desquels il avait servi déclarait : Comment a-t-il pu survivre à la guerre ? Cela reste un mystère pour moi. Il répugnait à donner des ordres quand il s’agissait d’actions dangereuses et s’arrangeait toujours pour les exécuter lui-même. Ce commentaire n’a rien de surprenant quand on lit les lettres qu’il a écrites à sa femme tout au long de la guerre. Son nom est aujourd’hui principalement associé à cette correspondance, publiée en 1929 sous le titre War Letters to a Wife 1915-1919, et récemment rééditée. Parmi les correspondances éditées de soldats et d’officiers, celle de Rowland Feilding se démarque par la richesse de son contenu.

Sa femme, Edith, lui avait fait promettre que dans ses lettres il ne cacherait rien de la réalité de la guerre. Comme deux de ses frères étaient morts pendant la guerre des Boers, elle savait que la dissimulation était la pire des choses. Rowland Feilding a tenu parole. Il ne censurait que les informations qui pouvaient potentiellement être utiles à l’ennemi. Ses lettres rendent compte des combats mais s’attachent aussi à décrire son quotidien d’officier, où transparaît la sympathie qu’il éprouvait pour les hommes qu’il commandait. L’intérêt documentaire de cette correspondance est de premier ordre. Son compte rendu d’une trêve pour récupérer les blessés dans les deux camps et son récit des terribles combats du printemps 1918 sont particulièrement prenants. La période où il avait sous ses ordres un régiment catholique irlandais donne également lieu à des commentaires d’un grand intérêt car la tension politique entre Anglais et Irlandais était particulièrement vive. Les réflexions sur l’esprit de camaraderie qui régnait dans les tranchées sont d’une grande pertinence, insistant sur le principe d’égalité face à la mort. Les passages plus anecdotiques ont tout autant d’intérêt car ils sont associés à une ironie bienvenue, qui contrebalance la brutalité des sujets abordés, comme par exemple ce jour de septembre 1916 où il a assisté à la projection du film La bataille de la Somme à Dernancourt. Le film muet disposait d’une véritable bande-son : le bruit au loin des tirs de barrage.

TOMMIES 14-18

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