Paul Nash (1889-1946)

De tous les peintres ayant rejoint les Artists’ Rifles pour documenter la guerre, Paul Nash est l’un de ceux qui ont fait la plus forte impression. Son style proche de l’abstraction donne à voir la déshumanisation propre à la Grande Guerre. Ses lettres contiennent des descriptions qui reflètent son souci omniprésent du détail et de la composition.

Témoigner en peignant

Né à Londres en 1889, Paul Nash étudie la peinture à la Slade School of Art et expose pour la première fois ses œuvres, des encres et des lavis, en 1912. L’année suivante, il partage une exposition avec son frère cadet, John Nash, également peintre. Paul Nash côtoie les jeunes artistes de son époque, notamment Dora Carrington, et possède déjà sa singularité : il se réclame davantage de William Blake que des postimpressionnistes en vogue au début du siècle.

En août 1914, il envisage de se porter volontaire mais peu attiré par le maniement des armes il songe à rejoindre la Croix-Rouge pour servir en tant qu’ambulancier. Il se voit mal passer plusieurs mois dans une caserne de brutes à ne rien faire sinon le beau déguisé en soldat au cas où les Allemands débarqueraient. Finalement, il s’enrôle dans les Artists’ Rifles et renonce temporairement à la peinture.

En mars 1915, il arrive sur le front occidental et participe à la bataille d’Ypres. L’année suivante, il est promu lieutenant dans le régiment du Hampshire. Le désir de dessiner le tenaille à nouveau et il se met à réaliser régulièrement des esquisses de la vie dans les tranchées. En mai 1917, il est rapatrié en Angleterre suite à un accident. Tandis qu’il récupère à Londres de sa blessure, il travaille sur ses esquisses pour aboutir à une série de tableaux, lesquels sont exposés quelques mois plus tard.

Impressionné par ses oeuvres, Charles Masterman, directeur du Bureau de Propagande, décide de recruter Paul Nash en qualité d’artiste de guerre.

Pendant ce temps, son frère John a également rejoint les Artists’Rifles en 1916, après avoir été plusieurs fois refoulé en raison de problèmes de santé. Au bout de deux ans passés au front, il est recruté, tout comme Paul, par le Bureau de Propagande pour faire partie des artistes officiellement habilités à rendre compte de la guerre.

En novembre 1917, Paul Nash repart pour le front pour y peindre une série de tableaux qui feront sa renommée. Ses paysages de ruines, avec arbres déchiquetés, retranscrivent le chaos de la guerre dans un style proche de l’abstraction, où l’influence cubiste est indéniable. Exposés en 1918 à Londres, ses scènes de guerre et ses paysages brisés ont sur le public un effet immédiat. Mais Paul Nash ne se réjouit pas de ce succès. En fait, il porte un regard désabusé sur sa mission : Je ne suis plus un artiste. Je ne suis qu’un messager qui apporte des nouvelles de ceux qui se battent à ceux souhaitent que la guerre ne s’arrête jamais. Entre avril 1918 et le début de l’année 1919, il est commissionné par le ministère de l’information pour fournir des œuvres au musée impérial de la guerre, qui vient d’être créé.

Dans les années d’entre-deux-guerres, Paul Nash poursuit sa carrière de peintre. Son style vire de plus en plus vers l’abstraction. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est à nouveau appelé par le ministère de l’information à faire partie des peintres officiels de l’armée. Il meurt en 1946. Son frère est également commissionné par l’Amirauté en 1940. John Nash meurt en 1977.

[Lettre à son épouse]

TOMMIES 14-18

Fièrement propulsé par WordPress