Noel Hodgson (1893-1916)

Le 1er juillet 1916 débute la bataille de la Somme. En 24 heures, 19 000 combattants britanniques sont tués, dont Noel Hodgson. Son poème « Before Action » deviendra vite une référence et lui assurera la gloire posthume.

« Aide-moi à mourir, Seigneur »

William Noel Hodgson fait partie des dizaines de milliers de jeunes Britanniques tués le premier jour de l’offensive de la Somme, le 1er juillet 1916. Deux jours auparavant, son poème intitulé Avant le combat avait été publié dans le New Witness. Inclus dans toutes les anthologies de poésie de la Grande Guerre, il devait assurer la gloire posthume de son auteur. On a longtemps cru que Hodgson l’avait écrit l’avant-veille de la bataille de la Somme, son père ayant donné cette date aux éditeurs. Dans ces circonstances, le dernier vers – aide-moi à mourir, O Seigneur – a pris une résonnance particulière et a créé le mythe. En fait, le poème a été écrit quelques semaines plus tôt. Mais ceci ne change rien à l’impact du dernier vers et à sa signification. Nombreux sont les combattants qui en le lisant ont trouvé dans la simplicité de son énoncé le reflet exact de leur état d’esprit.

Quatrième enfant du révérend Henry Hodgson, le jeune Noel suit une brillante scolarité qui le conduit à Oxford. Il excelle dans la pratique du rugby et du cricket tout en écrivant régulièrement des poèmes. En juillet 1914, il participe aux exercices d’entraînement des officiers qu’organise chaque année l’université. Quand la guerre éclate quelques semaines plus tard, il rejoint naturellement les rangs des engagés volontaires. Cet empressement a parfois mal été interprété. Certaines sources prétendent que les sonnets de Rupert Brooke auraient galvanisé son patriotisme. Il n’en est rien. Le recueil de Brooke n’a été publié que quelques mois plus tard, juste après la mort de leur auteur. Dans le cas de Rupert Brooke comme dans celui de Noel Hodgson, le mythe a déformé la réalité. Noel Hodgson s’est en fait engagé sans grand enthousiasme, comme la plupart de ceux qui se sont rendus dans les centres de recrutement à la fin de l’été 1914. Ils ont considéré qu’il était de leur devoir d’y aller, sans pour autant faire preuve de bellicisme ou d’insouciance. Son poème Roma Fuit montre clairement son état d’esprit à la déclaration de la guerre, et c’est la tristesse qui prédomine, voire l’absence d’illusion sur l’issue du conflit.

Arrivé sur le front en août 1915, près de Festubert, il participe à la bataille de Loos. Les pertes sont énormes et la violence des combats inédite. Après le transfert du 9e Devon plus au sud, Noel Hodgson reçoit une offre du New Witness, qui depuis quelques mois publie régulièrement ses poèmes. Le journal lui propose d’écrire des textes en prose décrivant la vie dans les tranchées. Noel Hodgson accepte la proposition et écrit presque chaque semaine une chronique qui s’appuie sur son expérience personnelle, bien qu’il change les noms et signe les textes sous le pseudonyme d’Edward Melbourne. Après la mort d’un ami, tué à Gallipoli, en 1915, et d’un autre, décédé des suites d’une pneumonie, il devient de plus en plus amer et son obsession de la mort ne fait que grandir. En apprenant que sa sœur est enceinte, il lui écrit pour lui exprimer la joie qu’il éprouve mais ne peut s’empêcher d’ajouter un commentaire désabusé : Je vous souhaite bonne chance, à toi et au futur soldat de 1936. J’espère qu’il aura plus de chance que son oncle et ne sera pas appelé à prendre part aux querelles stériles des potentats européens.

Après une permission au printemps 1916, le 9e Devon est affecté au secteur de Mametz en vue de la grande offensive de la Somme. Noel Hodgson et ses hommes partent à l’assaut des tranchées ennemies le 1er juillet à 7h27. Il est tué au cours de l’attaque, tout comme 143 de ses camarades.

Il devient dès lors un des poètes-combattants les plus appréciés avant d’être par la suite relégué à l’arrière-plan par des plumes plus véhémentes. Ses poèmes ne montrent aucune colère, juste une tristesse de plus en plus prononcée : la cause, qui au début avait semblé si juste, n’est plus qu’un prétexte à mourir. Dans un de ses derniers poèmes, il fait un vœu, pour lui-même comme pour ses camarades tués au combat loin de chez eux : revoir à nouveau nos chères collines. Quelques semaines après l’annonce de sa mort, un groupe d’hommes de son régiment, revenus dans le Devon pour récupérer de leurs blessures, quitte un soir l’hôpital militaire pour se rendre sur la colline la plus poche afin de rendre hommage à leur jeune officier, tombé comme tant d’autres loin de chez lui.

TOMMIES 14-18

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