Mary Borden (1886-1968)

Fille d’un riche industriel américain, Mary Borden est une aventurière bohème. Elle crée une unité hospitalière à Roesbrugge, en Belgique. Ses mémoires de guerre décrivent sans concession les souffrances des blessés et le quotidien hospitalier.

La Zone Interdite – une infirmière sur le front occidental

           

Auteure anglo-américaine, suffragette, missionnaire en Inde, pionnière des hôpitaux mobiles situés à proximité du front, romancière à succès, Mary Borden est un personnage éclectique, dont la vie mouvementée a des allures de roman. Ses mémoires de guerre sur le front occidental, The Forbidden Zone (1929), comptent parmi les meilleurs témoignages d’infirmière de guerre et peuvent être considérés comme un classique au même titre que les récits de Vera Brittain et d’Enid Bagnold.

            Née à Chicago dans une riche famille d’industriels, Mary Borden vit mal la conversion de sa mère à une église évangélique radicale et part en Inde, où elle rencontre George Turner, qu’elle épouse à Lausanne en 1908. Trois filles naîtront de cette union. Elle s’installe à Londres en 1913 et côtoie les cercles littéraires et artistiques. Devenue la maîtresse du peintre Wyndham Lewis, elle mène une vie de bohème insouciante et publie deux romans largement autobiographiques sous le pseudonyme de Bridget Maclagan.

            Quand la guerre éclate, elle se porte volontaire pour une mission sanitaire en France et rejoint la Croix-Rouge française, qui l’assigne à un hôpital près de Dunkerque. Constatant que l’établissement manque cruellement d’équipement, Mary Borden décide de créer sa propre unité hospitalière mobile grâce à sa fortune personnelle. Sous le contrôle de l’armée française, elle dirige cette structure chirurgicale basée à Roesbrugge, en Belgique. Elle dirige ensuite un hôpital de campagne pendant la bataille de la Somme et y officie en tant qu’infirmière. Elle reçoit la Croix de Guerre pour sa bravoure à proximité des combats. C’est au cours de son service hospitalier qu’elle rencontre le général Edward Spears, lequel deviendra son second mari en mars 1918, après la dissolution de son premier mariage. Elle trouve le temps d’écrire des poèmes : The Song of the Mud (1917), qui révèlent une plume originale, d’une force d’expression étonnante.

            Au lendemain de la guerre, Mary assume son rôle de femme de diplomate et reçoit pendant la Conférence de Versailles le gotha littéraire, artistique et politique de la capitale dans sa résidence parisienne. Mais sur le plan privé, elle doit faire face à une bataille juridique contre son ex-mari, qui a réussi à faire enlever leurs trois filles. Le mariage avec Edward Spears durera cinquante ans, malgré une relation de plusieurs décennies de ce dernier avec sa secrétaire, Nancy Maurice. En 1969, un an après la mort de Mary, Edward Spears finira par épouser sa maîtresse.

            Pendant l’entre-deux-guerres, Mary Borden devient une auteure à succès. Son tempérament de franc-tireur la pousse à écrire des romans qui font l’objet de controverses. Son portrait de Marie de Nazareth lui vaut notamment les foudres de l’Église catholique. Un autre ouvrage, prônant le divorce et la sexualité pré-maritale, crée également la polémique. Tout au long de sa vie, elle n’a cessé de défendre la cause du féminisme. En 1931, elle participe à la campagne électorale de son mari, à l’issue de laquelle il est élu député conservateur. Le couple s’installe alors dans le Berkshire.

            Au début de la Seconde Guerre mondiale, Mary Borden dirige un hôpital mobile en Lorraine mais l’invasion allemande l’oblige à se replier. Elle embarque pour l’Angleterre en juin 1940. En 1941, son unité hospitalière travaille pour les Forces Française Libres au Moyen Orient.

            Après la guerre, elle retourne régulièrement aux États-Unis et participe à la campagne électorale de son neveu par alliance, Adlai Stevenson, qui se présente pour la Maison Blanche. Elle lui écrit notamment plusieurs discours. Jusqu’à sa mort, en 1968, Mary Borden continuera d’écrire et d’être très active dans les milieux littéraires.

  The Forbidden Zone ne se présente pas sous l’aspect d’un récit mais d’une série de petits textes centrés autour d’un thème ou d’une histoire particulière. Celui intitulé Rosa traite de l’épineux problème des blessures volontaires.

Extrait de The Forbidden Zone :

TOMMIES 14-18

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