Laurence Binyon (1869-1943)

Conservateur de musée, spécialiste des arts orientaux, Laurence Binyon part soigner les blessés français à Arc-en-Barrois. For the Fallen est devenu le poème officiel des célébrations de l’Armistice.

« A chaque crépuscule et à chaque aube qui  blanchit le ciel, nous nous souviendrons d’eux « 

           

La quatrième strophe du poème a été choisie pour célébrer la mémoire des morts britanniques de 14-18. Depuis plus de 100 ans, on la récite à l’occasion du Jour du souvenir, en Grande-Bretagne, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dans ces différents pays, le Jour du Souvenir correspond soit au 11 novembre férié, soit au dimanche le plus proche de cette date, soit au 25 avril (Anzac Day) dans le cas de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Si la quatrième strophe, et aussi parfois la troisième, du poème de Binyon a été choisie pour commémorer les morts, c’est essentiellement en raison de son style classique, qui sait être élégiaque tout en restant simple dans sa formulation.

            Né à Lancaster dans une famille de Quakers, Laurence Binyon étudie à la prestigieuse école St Paul de Londres avant de rejoindre Trinity College à Oxford, où il décroche un prix de poésie en 1891. Après l’université, il travaille au département des imprimés du British Museum. En 1895, il écrit une étude sur les graveurs à l’eau-forte du XVIIe siècle hollandais. Devenu assistant conservateur en 1909, il est promu conservateur du département des imprimés et dessins orientaux en 1913. Proche du mouvement des poètes imagistes, il fait découvrir à ces derniers l’art et la littérature d’Extrême-Orient. Spécialiste incontesté des arts visuels orientaux, il n’en délaisse pas pour autant la poésie. Marié en 1904 à Cicely Margaret Powell, historienne, avec laquelle il aura trois filles, Laurence Binyon est une figure importante des cercles littéraires et artistiques de la capitale à la veille de la guerre.

            L’entrée en guerre de la Grande-Bretagne et le grand nombre de victimes pendant les premières semaines du conflit le poussent à écrire son célèbre poème, For the Fallen, qui sera publié dans le Times en septembre. En 1915, il souhaite s’engager mais comme il est trop âgé il se porte volontaire pour soigner les blessés français à l’hôpital temporaire d’Arc-en-Barrois, en Haute-Marne. En 1918, il publie un livre sur cette expérience : For Dauntless France. Il écrit également des poèmes de guerre, ayant principalement les blessés pour sujet.

            Après la guerre, il réintègre le British Museum et écrit de nombreuses études sur l’art. Il démissionne en 1933 pour se consacrer davantage à la poésie et à l’enseignement, intervenant notamment dans plusieurs universités. La Seconde Guerre mondiale le surprend à Athènes, où il occupe un poste universitaire. Contraint de quitter le pays pour revenir en Angleterre, il poursuit sa carrière de poète et de spécialiste des arts extrême-orientaux. La dernière partie de sa traduction de la Divine Comédie, de Dante, commencée quelques années plus tôt, est publiée en 1943.

            Laurence Binyon meurt en mars 1943, des suites d’une opération. Ses trois filles ont toutes mené une carrière artistique. L’aînée, Helen, est devenue une marionnettiste de renom.

            L’impact de For the Fallen n’a jamais diminué au fil du temps. Il est assez ironique de constater que le poème choisi pour célébrer les centaines de milliers de morts d’une guerre qui a duré plus de quatre ans ait été écrit moins de deux mois après son déclenchement par un poète qui à ce moment-là n’avait pas encore pris part au conflit. Mais quand il a fallu choisir des textes commémoratifs au lendemain de la guerre, ces quelques vers avaient l’avantage d’évoquer un idéalisme dont la formulation était encore recevable après l’Armistice, une manière de compromis idéal dans le cadre des commémorations officielles.

TOMMIES 14-18

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