
Dirigeant le contingent d’infirmières bénévoles en France au début de la guerre, elle s’occupera par la suite d’autres corps féminins (WAAC et WRAF) présents en France. |
Personne ne travaillera pour de l’argent. Personne ne travaillera pour la gloire.
Katharine Furse est la fille du poète et historien John Addington Sydmonds, un des premiers avocats de la cause homosexuelle en Grande-Bretagne. Éduquée par sa mère et une préceptrice, elle passe une grande partie de son enfance en Suisse et en Italie avant d’épouser le peintre Charles Furse en 1900. Mère de deux enfants, Katharine devient veuve en 1904.
Ayant rejoint les rangs de la Croix-Rouge en 1909, elle est envoyée en France en septembre 1914 pour diriger le contingent d’infirmières bénévoles (V.A.D.) appelé à travailler dans les hôpitaux et les ambulances britanniques du front. L’infirmerie dont elle s’occupe à la gare de Boulogne est réduite à une trentaine d’infirmières, d’infirmiers et de cuisiniers. Un bateau de la Croix-Rouge reste à quai dans le port pour évacuer le personnel soignant en cas d’avance allemande. Cette unité pionnière connaît les difficultés inhérentes au début du conflit. L’improvisation est la règle. Les immenses camps hospitaliers du littoral ne seront érigés que quelques mois plus tard.
En janvier 1915, Katharine Furse revient à Londres pour occuper un poste similaire au Q.G. de la Croix-Rouge. Constatant son impuissance à introduire dans l’organisation sanitaire les réformes qu’elle juge nécessaires, elle démissionne en 1917 et prend la tête du Women’s Royal Naval Service, première organisation militaire britannique composée uniquement de femmes. Le succès de la nouvelle structure entraînera très vite la création d’autres corps féminins : le WAAC (Women’s Army Auxiliary Corps) et le WRAF (Women’s Royal Air Force).
Après la guerre, Katharine Furse travaille pour une agence de voyages. Résidant principalement en Suisse, elle devient une excellente skieuse. De 1920 à 1952, année de sa mort, elle sera également très impliquée dans le mouvement scout.
Son autobiographie, Hearts and Pomegranates (1940), revient longuement sur son séjour à Boulogne en 1914.
Extrait (Lettre envoyée par Katharine Furse à toutes les infirmières bénévoles en 1914) :
Ce document est de nature confidentielle et doit être inséré par chaque V.A.D. dans son carnet de route.
Vous avez choisi de travailler pour la Croix-Rouge. Vous aurez à accomplir une tâche qui demande du courage, de l’énergie, de la patience, de l’humilité et une détermination de chaque instant, autant de qualités qui vous aideront à vaincre toutes les difficultés.
Souvenez-vous que l’honneur de l’organisation repose sur la conduite individuelle de chaque V.A.D. Il sera de votre devoir non seulement d’être un modèle de discipline et de rectitude mais aussi de maintenir des relations d’une courtoisie irréprochable avec ceux que vous aiderez dans ce grand combat.
Soyez en permanence courtoises, charitables et attentionnées. Rappelez-vous que quelle soit votre tâche vous devez l’accomplir avec dévotion et loyauté et ceci au mieux de vos capacités.
Un règlement est nécessaire à toute formation. Suivez-le sans rechigner et dites-vous que chaque mesure a sa raison d’être, même si vous n’en voyez pas la nécessité immédiate.
Des sacrifices seront exigés de chacune d’entre vous. Donnez de bon coeur et sans compter mais rappelez-vous toujours que vous êtes au service de votre pays. Si vous estimez que d’autres jouissent d’une vie plus facile que la vôtre, soyez patientes et pensez aux soldats qui se battent dans des conditions extrêmes et qui pour la plupart souffrent énormément.
Celles d’entre vous qui sont rémunérées peuvent faire des dons à la Croix-Rouge, laquelle doit être une Mère pour vous. Nos besoins en argent pour venir en aide aux malades et aux blessés ne font que croître.
Nos devises sont « La volonté peut tout » et « Il faut donner avec joie ». Si nous sommes à la hauteur de cette philosophie, les VA.D. sortiront triomphantes de cette épreuve.
Et seul le Maître nous encensera, et seul le Maître nous désapprouvera.
Personne ne travaillera pour de l’argent. Personne ne travaillera pour la gloire.
Mais uniquement dans la joie de la tâche à accomplir.