John McRae (1872-1918)

    

Médecin canadien, John McRae a 41 ans quand la guerre est déclarée. Il exerce principalement dans le secteur d’Ypres et les hôpitaux de la côte. Devenu très vite une référence, son poème Dans les champs de Flandre contribuera à faire du coquelicot le symbole britannique de la Grande Guerre.

Dans les champs de Flandre ondulent les coquelicots  

In Flanders Fields est sans conteste le poème le plus connu de la littérature anglo-saxonne de la Grande Guerre. Ses trois strophes ont fait du coquelicot la fleur-symbole du conflit côté britannique. Dès le 11 novembre 1921, le jour anniversaire de l’Armistice est appelé le Poppy Day (jour du coquelicot). La tradition perdure jusqu’à nos jours, où tous les 11 novembre, des millions de coquelicots en papier sont vendus dans les rues au profit des familles de soldats tués pendant les guerres.

       Né en 1872 dans l’État canadien de l’Ontario, John McRae suit la tradition militaire de sa famille en rejoignant dès 14 ans un camp de cadets. Il entre à l’université mais en raison de problèmes d’asthme ne peut continuer ses études jusqu’à leur terme. Il devient enseignant mais l’expérience s’avère un échec patent. De retour à l’université, il entreprend cette fois de brillantes études de médecine, ce qui ne l’empêche pas d’écrire à ses moments perdus des nouvelles et des poèmes largement inspirés d’un amour malheureux.

       En 1899, John McRae décide de se porter volontaire au sein du contingent canadien qui se forme pour aider les Britanniques en Afrique du Sud. La troupe débarque au Cap au début de l’année 1900 alors que la guerre opposant les Britanniques aux Boers d’origine néerlandaise fait rage depuis quelques mois. Après avoir participé à différentes opérations militaires, John McRae revient au Canada au début de l’année suivante et termine ses études de médecine. Nommé en 1902 pathologiste à l’hôpital de Montréal, il se consacre principalement à l’enseignement de la bactériologie. Après une période de formation en Grande-Bretagne, il ouvre un cabinet à Montréal tout en continuant à donner des cours. Débordant d’énergie, il participe à la vie culturelle de son pays et continue d’écrire des poèmes. Attaché à la Grande-Bretagne et à ses valeurs, il traverse régulièrement l’Atlantique. C’est d’ailleurs à bord d’un transatlantique qu’il apprend que la guerre est déclarée en août 1914. A peine débarqué sur le sol anglais, John McRae repart pour le Canada afin de s’enrôler dans la Force Expéditionnaire de son pays. Comme il a 41 ans, il ne peut exercer de poste de commandement, et ce en dépit de son expérience militaire. C’est donc en qualité de médecin qu’il part pour le front occidental. Mais une fois sur place, la séparation entre le médical et le militaire sera nettement plus floue et il exercera plusieurs types de fonction.

Après une période d’entraînement en Grande-Bretagne, la division canadienne traverse la Manche et arrive dans le secteur d’Armentières en février 1915. Elle participe à la bataille de Neuve-Chapelle avant d’être transférée dans le secteur d’Ypres. Exerçant à la fois des fonctions médicales et militaires, John McRae est parfois en porte-à-faux avec ses supérieurs. En qualité d’officier d’artillerie, il lui arrive de donner des ordres que le Q.G. trouve trop dispendieux en munitions. Arrivé à Ypres au moment de la première attaque au gaz lancée par les Allemands, McRae assiste à la déroute des soldats français asphyxiés. Ses compétences de médecin et de chirurgien sont mises à rude épreuve dans un des postes de secours qui longent le canal d’Ypres. Dans ses lettres, il donne un précieux compte rendu de la bataille au cours de laquelle les Canadiens perdent 6000 hommes sur un total de 10 0000.

Le 2 mai, le lieutenant Alex Helmer meurt, touché par les éclats d’un obus. John McRae est particulièrement ému par la dernière phrase que le lieutenant a écrite dans son journal : Le bombardement s’est calmé et je vais essayer de dormir enfin toute une nuit. Il est enterré au cimetière adjacent au poste de secours. Par la suite, sa tombe sera détruite sous l’effet d’autres bombardements. Son nom est aujourd’hui commémoré sur la Porte de Menin à Ypres. C’est suite à cette mort que John McRae aurait écrit son célèbre poème. En juin, il doit définitivement quitter toute fonction dans l’artillerie pour se consacrer à sa tâche de médecin. Après une permission en Angleterre, il est affecté à l’hôpital général canadien n°3 à Dannes-Camiers, près de Boulogne, où il rencontre Alexander Fleming, le biologiste qui découvrira la pénicilline, venu visiter l’hôpital.

  D’abord rejeté par le Spectator, In Flanders Fields est publié de façon anonyme le 8 décembre 1915 dans Punch. Le poème a immédiatement un écho retentissant en Angleterre comme sur le front. La simplicité du message, alliée aux images fortes du coquelicot et du flambeau, font passer les quelques vers à la postérité. Les morts tombés au champ d’honneur ont désormais pour symbole cette fleur, qui dit-on est la première à repousser sur les terres dévastées par les combats. John McRae pourra brièvement profiter de l’incroyable succès de son poème, traduit en plusieurs langues dès 1917.

Après la publication de In Flanders Fields, se sent de plus déprimé à la vue des blessés qu’il ne peut pas sauver. En octobre, après avoir soigné les combattants de la bataille de la Somme, sa santé décline et il doit être hospitalisé à l’hôpital de Wimereux pour problèmes d’asthme. En avril 1917, après une permission en Grande-Bretagne, il a retrouvé tout son allant et se réjouit de la victoire canadienne à Vimy. En juin, un autre de ses poèmes est publié dans le Spectator.

            De juin à septembre, l’hôpital général n°3 soigne les blessés de Passchendaele. John McRae continue d’exercer sa mission mais ses problèmes de santé s’aggravent. Le 24 janvier 1918, il est nommé médecin consultant pour la Première Armée Britannique, poste prestigieux occupé pour la première fois par un Canadien. Mais il n’aura pas l’occasion d’exercer sa nouvelle fonction. Il meurt le 28 janvier d’une pneumonie. John MacRae est enterré avec les honneurs militaires au cimetière de Wimereux, face à la mer.

TOMMIES 14-18

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