Henry Williamson (1895-1977)

Présent sur le front occidental pendant les quatre ans de guerre, Henry Williamson a par la suite bâti une œuvre monumentale où la Grande Guerre était omniprésente. Ses sympathies d’extrême-droite lui ont valu une mise à l’index. L’apport de Henry Williamson à la littérature de la Première Guerre mondiale est quoi qu’il en soit essentiel, comme en témoignent les trois extraits traduits ci-après.

Le Saillant maléfique et la trêve de Noël

Auteur d’une oeuvre rassemblant plus de cinquante titres, Henry Williamson a écrit à de nombreuses reprises sur son expérience de combattant pendant la Première Guerre mondiale. Ses opinions politiques d’extrême-droite lui ont toujours valu une certaine défiance de la part des critiques littéraires et des historiens. On ne peut cependant nier l’importance de sa contribution à la littérature britannique de la Première Guerre mondiale.

Né à Londres, dans le quartier de Brockley, qui donnait à l’époque directement sur la campagne, le jeune Henry Williamson peut facilement accéder au Kent rural. Il se découvre une passion pour la nature, qui ne le quittera jamais tout au long de sa vie.

En janvier 1914, il s’engage dans les London Rifles et se retrouve mobilisé dès le lendemain de la guerre, le cinq août 1914. Il ne sera démobilisé qu’en septembre 1919. Ce parcours de combattant exceptionnellement long est retracé dans un livre écrit par sa belle-fille, Anne Williamson, en 1998 : Henry Williamson and the First World War. On peut y suivre ses différentes affectations. Promu au rang de lieutenant, il connaît la plupart des secteurs qu’ont occupés les Britanniques : Flandre, Somme et Artois. La trêve de Noël de 1914 l’a particulièrement marqué et le convainc assez vite de la futilité de la guerre. Persuadé de la nécessité d’une réconciliation entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, il met en avant un certain pacifisme dans chacun de ses écrits de guerre : The Wet Flanders Plain (1929), The Patriot’s Progress (1930) et les romans autobiographiques du cycle A Chronicle of Ancient Sunlight (1951-1969).

En 1921, il s’installe dans le Devon et épouse Loetitia Hibbert, avec laquelle il aura cinq enfants. C’est en 1927 qu’il publie sur roman le plus célèbre : Tarka la loutre. Le succès est au rendez-vous. Henry Williamson peut désormais se consacrer à sa carrière d’écrivain, tout en continuant ses activités de naturaliste. En 1936, il achète une ferme et s’adonne pendant plusieurs années à sa passion de l’agriculture.

En 1935, Henry Williamson se rend au congrès national-socialiste de Nuremberg et admet être favorablement impressionné. Il rejoint l’Union Britannique des Fascistes en 1937. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est brièvement emprisonné pour ses idées politiques.

Après la guerre, il quitte sa ferme et se bâtit une maison dans le Devon pour y vivre seul et se consacrer exclusivement à l’écriture. Deux ans plus tard, il épouse toutefois une jeune institutrice. Son grand projet romanesque, A Chronicle of Ancient Sunlight, l’occupe pendant une vingtaine d’années.  A raison d’un roman par an, il publie jusqu’en 1969 les quinze volumes de ce cycle, où la Grande Guerre occupe une place centrale. Dans le dernier roman, il persiste et signe dans ses idées d’extrême-droite en remettant en cause la validité morale et légale des procès de Nuremberg.

Le premier extrait proposé est tiré de The Wet Flanders Plain, écrit en 1927. Ce livre retrace un pèlerinage sur les lieux où l’auteur a combattu. Henry Williamson a décidé de parcourir les anciens champs de bataille pour rendre hommage aux camarades morts au combat (Je suis mort avec eux et ils revivent en moi). Cette démarche est symbolique de ce que ressentaient beaucoup de vétérans dans les années 20. La guerre continue de les hanter. La difficile réinsertion, l’incommunicabilité de l’expérience vécue, l’ingratitude de la société et le sentiment de s’être battu en vain ont abouti à une nostalgie puissante de la camaraderie qui régnait sur le front. Dans The Wet Flanders Plain, la juxtaposition entre le présent, avec ses cimetières, ses mémoriaux et son « tourisme de guerre », et les souvenirs des jours de combat donne au récit un caractère tour à tour amer et nostalgique. Henry Williamson a choisi pour parler de la guerre une méthode impressionniste, faite de souvenirs épars. Il n’a pas le souci de brosser une vue d’ensemble qui se prétendrait exhaustive. En cela, ce témoignage est original et nous en dit long sur le ressenti des combattants à la fin des années 20, autant par ses silences que par les faits relatés.

  Le second extrait est tiré de A Fox under my Cloak, cinquième roman de la série A Chronicle of Ancient Sunlight (1951-1969), entièrement consacré à la Grande Guerre. Williamson y relate la célèbre trêve de Noël 1914.

Extrait de The Wet Flanders Plain :

Extrait de A Fox under my cloak

Lettre :

TOMMIES 14-18

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