Harry Lauder (1878-1950)

Artiste de music-hall, Harry Lauder se rend en France pendant la guerre pour se recueillir sur la tombe de son fils, tué à Pozières.

            L’hommage au fils

Artiste de music-hall né en Ecosse, Harry Lauder a connu un immense succès au début du XXe siècle. Se produisant sur scène en kilt, il a promu le folklore écossais dans le monde entier et amassé une véritable fortune. En tournée australienne quand la guerre éclate, il décide immédiatement  de prendre part à l’effort national et organise dès son retour en Grande-Bretagne des « concerts de recrutement ». Il se rend également en France, où il chante pour les soldats britanniques. Sa fortune personnelle et l’argent récolté par ses appels aux dons lui permettent de créer le Harry Lauder Million Pound Fund, dont le but est d’aider les soldats écossais mutilés à se réintégrer dans la vie civile. Les motivations de Harry Lauder sont avant tout patriotiques. Il considère que la guerre contre la « sauvagerie allemande » doit être menée sans merci, quel qu’en soit le coût, moral et financier.

            Le Harry Lauder Recruiting Pipe Band sillonne le pays et termine chacune de ses prestations par une marche en direction du centre de recrutement. A la fin de ses propres spectacles, au théâtre Shaftesbury de Londres, Harry Lauder s’adresse aux jeunes hommes du public et les enjoint à s’engager. Juste avant sa représentation du 1er janvier 1917, il reçoit un télégramme lui annonçant la mort de son fils unique, John, tué au combat le 28 décembre 1916 à Pozières. John s’était engagé dès le début de la guerre. Musicien accompli, il accompagnait son père pendant ses tournées. Diplômé de Cambridge, John était devenu capitaine dans le régiment des Argyll and Sutherland Highlanders.

            Dévasté par le chagrin, Harry Lauder n’en continue pas moins de se produire sur scène. En juin, il embarque à Folkestone avec un mini-piano spécialement conçu pour une tournée au front. Après un premier concert donné à Boulogne, il prend la direction des tranchées et donne plusieurs représentations par jour. Il se rend à Ovillers, où son fils est enterré, et espère en savoir un peu plus sur les circonstances de sa mort. Le compte rendu officiel stipulait que le capitaine John Lauder avait escaladé l’échelle de tranchée pour inspecter le no man’s land et été abattu par un tireur isolé allemand. Mais une rumeur affirmait aussi qu’il avait été tué par un de ses hommes. Aujourd’hui encore, cette « légende du front » continue d’alimenter la littérature de la Première Guerre mondiale. Un roman publié dans les années 90 reprend la thèse du meurtre. Officier zélé excessivement porté sur la discipline, John Lauder aurait été détesté par ses hommes, ainsi que par ses collègues officiers, qui voyaient en lui un fils de parvenu. La fortune amassée par Harry Lauder avait en effet suscité bien des jalousies en Écosse. Mais tout cela reste purement hypothétique. Aucun témoignage ne vient corroborer cette thèse. Il y eut certainement des meurtres perpétrés dans les tranchées, mais par la force des choses ceux-ci sont restés secrets.

            Après sa tournée au front, Lauder continue ses concerts de soutien à l’effort de guerre, notamment au Canada. Pendant les années 20, il reprend le cours normal de sa carrière et se retire de la scène dans les années 30. Il donnera toutefois des concerts radiophoniques pendant la Seconde guerre mondiale.

           

John Lauder (1891-1916)

A Minstrel in France, publié en 1918, est le vibrant hommage d’un père à son fils. Ce témoignage est également un précieux document sur les conditions dans lesquelles les artistes se produisaient pour divertir les combattants.

 

Extrait :

TOMMIES 14-18

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