Guy Chapman (1889-1972)

Après la bataille de la Somme, Guy Chapman est victime d’une attaque au gaz à Arras. Après la guerre, il sera professeur d’histoire et épousera la romancière et militante pacifiste Margaret Storm-Jameson. Ses mémoires de guerre sont avant tout un hommage aux camarades tombés au front.

« Les sept premières années seront les plus dures »

Publié en 1933, A Passionate Prodigality est un ouvrage dédié aux camarades tombés au front. Si cette dédicace peut paraître convenue, elle n’en reflète pas moins une réalité forte. Écrire ses mémoires de guerre, c’est aussi rendre hommage aux morts. L’auteur le dit clairement : Ce dont les survivants se souviennent, ce n’est pas de la peur ni de la souffrance mais des visages et des voix de ceux avec qui ils ont combattu.

Né en 1889, Guy Chapman est le fils d’un avocat célèbre. Après des études de droit, il embrasse à son tour la carrière juridique en 1914 et se marie la même année. Il s’engage dans les Royal Fusiliers mais ne se fait aucune illusion sur la guerre. Guy Chapman ne succombe pas à la fièvre patriotique, pas plus qu’il ne ressent cette soif d’aventure dont parlent volontiers les premiers engagés. Il a juste peur de ne pas être à la hauteur. Après un d’entraînement de dix mois en Grande-Bretagne, qu’il trouve particulièrement inadapté, et pour tout dire inefficace, le jeune sous-officier arrive en France en août 1915. Il est surpris par l’état déplorable des tranchées et la quantité de boue générée par le front. Chapman participe à la bataille de la Somme et observe le changement qui s’opère chez les soldats. Il s’agit plus de lassitude que de désillusion à proprement parler. A la bataille d’Arras, Guy Chapman est victime d’une attaque au gaz moutarde. Il avait entendu les obus à gaz tomber mais ne percevant aucune odeur n’avait pas cru bon de mettre son masque. Évacué en Angleterre, il revient au front une fois rétabli. A l’annonce de l’Armistice, les hommes se contentent de hausser les épaules. La veille, ils avaient enterré toute une section : des visages amis avaient été mutilés par l’ennemi.

Démobilisé en février 1920, il divorce et dirige le bureau londonien d’une maison d’édition irlandaise. En 1926, il épouse Margaret Storm-Jameson, romancière et militante féministe. Ayant perdu son père et son frère sur le front, Margaret Storm-Jameson ne cessera pendant les années 20 et 30 de dénoncer la guerre et de lutter pour la paix, notamment aux côtés de Vera Brittain. Guy Chapman enseigne à l’université et obtient une chaire d’histoire contemporaine à Leeds en 1945. Il publie des ouvrages historiques sur la France et édite deux anthologies d’écrits de combattants de la Grande Guerre.

Guy Chapman meurt en 1972. En 1975, Margaret Storm-Jameson publie A Kind of survivor, une sélection des écrits autobiographiques de son mari.

Les portraits ont la part belle dans A Passionate Prodigality. L’auteur rend hommage à tous ceux aux côtés desquels il a combattu. Comme il l’annonce au début de l’ouvrage, la communauté des tranchées ne disparaît pas au moment où se termine la guerre. Elle dure toute une vie. Certains aspects rarement évoqués de la vie au front tels que les recherches de cantonnement ou la vie quotidienne dans les Q.G. donnent également à ces mémoires une valeur documentaire évidente. Mais c’est surtout la notion d’évolution du conflit et le changement des attitudes des combattants qui fait l’intérêt majeur de A Passionate Prodigality. Le schéma classique qui va de l’enthousiasme naïf des débuts à l’enlisement, puis à la perte totale de toute illusion, est ici nettement mis en avant, dans toute sa complexité.

TOMMIES 14-18

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