Emma Duffin (1883-1979)

Dans son journal, l’infirmière irlandaise Emma Duffin consigne le quotidien des soins dans les hôpitaux du Havre et de Calais et ne mâche pas ses mots pour qualifier le comportement du personnel qualifié.  Publié en 2014, The First World War Diaries of Emma Duffin, Belfast est un document riche en informations, notamment sur les tensions entre bénévoles et professionnelles.

 

Au Havre, tensions entre infirmières professionnelles et V.A.D.

 Née à Belfast dans une famille presbytérienne aisée qui compte neuf enfants, Emma Duffin est éduquée par des préceptrices jusque l’âge de seize ans. Elle suit ensuite les cours du prestigieux Cheltenham Ladies College puis du Belfast Art College avant de devenir illustratrice. Emma s’engage dans les V.A.D. (Volontary Aid Detachment) quand la guerre éclate, tout comme trois de ses soeurs. Deux de ses frères s’enrôlent également dans l’armée britannique.

  Emma Duffin est d’abord postée à Alexandrie, où sont rapatriés les blessés de Gallipoli. En fait, les patients souffrent principalement de dysenterie et elle ne verra arriver le premier blessé qu’au bout de quelques mois. Obligée d’assurer seule le service de nuit, elle est au début proche de la panique face aux patients, dont certains sont agonisants. L’attitude hautaine des infirmières professionnelles envers les bénévoles n’arrange rien. Mais Emma trouve du soutien auprès d’autres bénévoles venues d’Australie, de Nouvelle-Zélande ou d’Afrique du Sud, dont beaucoup ont des ascendances irlandaises. Affectée ensuite au Havre, dans un hôpital situé dans le périmètre de la gare, elle se voit confier davantage de responsabilité. Mais la sévérité de la discipline militaire et le peu d’égard apporté aux bénévoles par les autorités militaires n’en continuent pas moins d’être la règle. Les cadences sont soutenues, notamment après la bataille de la Somme. Dans son journal, Emma Duffin consigne le quotidien des soins dans les hôpitaux du Havre et de Calais et ne mâche pas ses mots pour qualifier le comportement du personnel qualifié. Seules les relations avec les patients lui apportent une certaine satisfaction. Elle se prend notamment de sympathie pour l’un d’entre eux, un jeune prisonnier aux allures d’enfant, qu’elle appelle le « petit boche ». Comme son séjour en Allemagne en 1911 l’a familiarisée avec la langue et la culture allemandes, elle peut converser avec lui et servir d’interprète auprès des médecins.

  Peu de temps après l’Armistice, elle se rend sur l’ancien champ de bataille d’Ypres puis reprend son service jusqu’à sa démobilisation en 1919.

Extrait du journal d’Emma Duffin, publié en 2014 :


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