Benedict Williamson (1868-1948)

Surnommé «Happy Days » en raison de son optimisme à toute épreuve, le père Williamson a été aumônier auprès des troupes britanniques pendant un an et demi. Ses mémoires constituent un document riche en informations. Le chapitre XIV où il relate l’aide spirituelle qu’il apporte à un déserteur condamné à mort est particulièrement émouvant.

Un aumônier catholique sur le front

Après avoir été architecte Benedict Williamson devient prêtre. Il arrive en France en mai 1917, où il sera attaché jusqu’à la fin de la guerre aux 45e et 47e divisions. Son optimisme à toute épreuve lui vaut rapidement le surnom de « Happy Days ». Dans l’introduction de ses mémoires de guerre, publiés en 1921, le lieutenant Rowland Feilding, par ailleurs auteur de War letters to a wife, dresse un portrait enthousiaste de cet aumônier catholique : Il semblait vivre dans un monde où le soleil ne cessait jamais de briller, un monde dépourvu d’ombres. Il remplit sa mission et fit face aux horreurs du champ de bataille avec une simplicité enfantine, qui inspirait les vivants et apportait du réconfort aux agonisants.

Ce commentaire flatteur n’est pas habituel dans les témoignages de combattants. Les griefs que les soldats entretenaient envers les hommes d’Église étaient en effet nombreux. Le fait que les aumôniers étaient non-combattants, contrairement à leurs homologues français, était parfois ressenti comme une injustice. Si l’Église catholique formait une unité homogène, ce n’était pas le cas pour l’Eglise anglicane, divisée en plusieurs confessions, parfois rivales. Les attitudes prosélytes agaçaient fortement. Quant aux messes organisées dans les camps de l’arrière, les combattants n’avaient pour la plupart aucune envie d’y participer.

En fait, la position de l’aumônier a toujours été des plus inconfortables tout au long de la guerre. S’il portait des insignes d’officier, il n’avait officiellement aucun statut et les autorités ne souhaitaient pas qu’il soit en première ligne. Comme il ne pouvait réellement s’intégrer ni dans l’univers des officiers ni dans celui des hommes du rang, il faisait parfois figure de paria. Son rôle a toutefois évolué au cours de la guerre, avec une diversification accrue de ses fonctions. Les aumôniers célébraient les messes et donnaient la communion avant les batailles. Ils accomplissaient les rites associés à la mort. A ces occupations cérémonielles s’ajoutait le réconfort que pouvait apporter l’homme de Dieu aux soldats, particulièrement aux blessés.

Si les commentaires des combattants vis-à-vis de leurs aumôniers sont majoritairement négatifs, un certain nombre de mémoires font toutefois mention d’aumôniers qui sortaient du lot. Guy Chapman rapporte le cas d’un aumônier catholique qui avait escaladé le parapet pour aller apporter son soutien à trois soldats irlandais gisant dans le no man’s land. Relatant ce fait, l’auteur de A passionnate Prodigality en profite pour établir une différence nette entre aumôniers catholiques et anglicans : Ces prêtres catholiques nous impressionnaient. Je n’ai jamais entendu le père Leeson parler une seule fois de religion en ma présence; mais on sentait chez lui une sérénité et une foi que ne possédaient pas nos pâles pasteurs anglicans. En matière de soutien, ces derniers en faisaient autant que n’importe quel laïc. Avec l’Église catholique, les hommes partaient au combat mentalement et spirituellement purifiés. L’Église anglicane ne savait qu’offrir des cigarettes. Avec son expérience de la propagande, l’Eglise de Rome envoyait ses prêtres sur le front même. L’Eglise anglicane interdisait quant à elle à ses aumôniers d’aller plus avant que les Q.G. de la brigade.

Il semble que Benedict Williamson se soit distingué par sa proximité avec les soldats et qu’il ait laissé une excellente impression au sein de la troupe. Ses mémoires, d’un style alerte et dénué de tout didactisme, nous invitent à suivre le parcours ordinaire d’un homme d’Église dans la tourmente de la guerre. Ayant officié en Flandre et dans la Somme, Benedict Williamson nous décrit avec précision les lieux où se sont battus et où ont été cantonnés les combattants des unités auxquelles il était attaché. L’intérêt documentaire de Happy Days in France and Flanders n’est pas un de ses aspects les moins réussis.

Le chapitre XIV est consacré à un soldat exécuté pour désertion. Il s’agit du 2nde classe Patrick Murphy, Irlandais, abattu le 12 septembre 1918.

Après la guerre, Benedict Williamson occupe un poste au Vatican et meurt à Rome en 1948.

Extrait de Happy Days in France and Flanders, 1921


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