T.E. Hulme (1883-1917)

Esprit libre, poète avant-gardiste, T.E. Hulme, mort dans les Flandres en 1917, a laissé des poèmes et des textes qui se démarquent de la production habituelle de l’écrivain-combattant.

« Il n’y a rien à faire, sinon continuer. »

            Né à Endon, dans le Staffordshire, Thomas Ernest Hulme entre à Cambridge en 1902 pour y étudier les mathématiques mais est renvoyé en 1904 pour comportement violent après une épreuve d’aviron. Après avoir été réintégré, il sera renvoyé une seconde fois suite à une liaison scandaleuse avec une pensionnaire de l’école pour filles de Rodean. Il reprend ses études à Londres (University College) avant de voyager au Canada puis de séjourner en Belgique pour y parfaire son français.

            A partir de 1907, il s’intéresse à la philosophie et particulièrement à Henri Bergson, qu’il traduit. Il publie des articles dans la revue The New Age et se lance dans l’écriture poétique. S’il n’écrira qu’un nombre limité de poèmes, ceux-ci, de tendance imagiste, attireront l’attention et exerceront une réelle influence sur ses contemporains, notamment Robert Frost. L’éditeur Stephen Swift qualifie Hulme de métaphysicien qui a atteint une grande beauté rythmique dans ses curieux vers.

            Esprit moderne à la recherche de nouvelles formes d’expression, Hulme ne pouvait que s’intéresser au vorticisme, mouvement avant-gardiste principalement initié par Wyndham Lewis. Il côtoie ce dernier ainsi que le sculpteur Henri Gaudier-Brzeska, et participe à la revue vorticiste Blast. De tendance conservatrice, T.E. Hulme se positionne très à droite après avoir noué des liens avec Pierre Lasserre de l’Action Française.

            En 1914, Hulme s’engage dans l’artillerie, d’abord dans une unité d’armée de terre puis dans la marine royale. Pendant son service actif au front, il ne cessera de contribuer à The New Age, sous la forme d’une chronique intitulée War Notes, qu’il signe du pseudonyme de North Staffs. Blessé en 1916, il est soigné en Grande-Bretagne et revient dans le secteur des Flandres en 1917. Le 28 septembre, Hulme est touché par un obus. Son corps est littéralement pulvérisé. Il semble qu’absorbé dans ses pensées il n’a pas entendu l’obus arriver, vu que tous ceux qui l’entouraient se sont jetés par terre pour se protéger.

            Ses restes ont été enterrés dans le cimetière militaire de Koksijde, sur la côte belge. Sur sa stèle, on peut lire : Un des poètes de guerre.

            Le poème traduit ci-après montre le style original de T.E. Hulme, qui se démarque nettement de la production habituelle.

            Le texte qui suit est extrait des chroniques qu’il a écrites pour The New Age. Il a quasiment la forme d’un essai de géopolitique, avec des considérations stratégiques que l’on trouve rarement sous la plume d’un combattant. Comme un certain nombre d’officiers fraîchement sortis de l’université ou ayant déjà un début d’œuvre derrière eux, Hulme ressent le besoin de s’adonner régulièrement à l’exercice d’une pensée rigoureuse ou d’écrire des poèmes pour se libérer de l’étreinte abrutissante de la guerre.


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